TEXTE 10
Ces lettres de feu me consument. S.P.L.E.E.N, leur flamboiement contrastent avec la blancheur de mon bras. Cet effluve brûlant tel l'ivresse me parcours le corps comme une chaleur s'écoulant sous la peau; mais ne m'engourdit plus l'esprit. J'en ai trop usé mais je ne peux m'en passer. Une action devenue automatique, irréfléchie. Un manque se fait ressentir, je remonte ma manche, me pince le bras, le griffe. Cet élan meurtrier ne se dissipe pas. Je prends ma lame, me coupe, me déchire le bras. A plusieurs reprise, j'aligne les coupures, je m'acharne sur ma peau, trop dure à mon goût et essayant de faire passer la douleur psychique. Très vite mon bras en est couvert. Voyant tout cet acharnement, les traces de ma folie, de ma lutte contre cette souffrance qui me ronge, contre moi même, je m'oblige à m'arrêter; m'empêchant de condamner un autre membre dans ce cercle vicieux, retardant désespérément ma fin inévitable.
Ma souffrance toujours présente, grossissant de jour en jour et prenant de plus en plus de place dans ce cerveau démuni, crée une pression insupportable. Que faire contre cet ennemi dont seules les causes sont visibles ? Véritable bombe à retardement, le suicide semble être la seule solution pour rompre avec cette horreur se nourrissant de notre vie. Cette maladie me pourrit la vie, l'assèche, l'aspire, absorbe toutes les joie susceptibles de redonner de la couleur à ma vision tarie du monde.
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